Angle d'humeur, de paysagistes du Puy-de-dôme : parlons de paysage sans paysagistes ? pourquoi pas ?! on sait y faire !!

Comment ne pas parler de paysage en Auvergne ?! Au coeur de cette volute géographique et de cette envolée géologique. D'ailleurs il est très courant de parler de paysage dans le Puy-de-Dôme... à ceci près que nous le faisons couramment sans faire appel à eux, ... qui ça ?! les paysagistes-concepteurs ; les architectes-paysagistes ; les urbanistes-paysagistes ou les ingénieurs-paysagistes au choix...

Quelques exemples :

- Récemment, à une conférence organisée par la ville de Clermont autour du PLU, Henry BAVA, "architecte"-paysagiste (oui entre guillemets car l'ordre des architectes n'apprécie pas vraiment que de l'agence franco-allemande TER, c'est bien un architecte qui fut appelé à introduire ces questions de paysage et d'urbanité.

- Dans la "qualitative" revue du CAUE 63, nommée "Angle de vue", nombreux sont les articles rédigés sur le paysage, le projet de paysage, les continuités paysagères du grand Clermont, l'agriculture et le paysage...etc. Mais généralement depuis un "angle de vue" d'architectes et d'urbanistes (ou animateur du centre de ressources...) sur ces questions.

- le numéro 11 de la Fédération Nationale des Agences d'urbanisme était spécialement intitulé "Club Projet urbain et... paysage" et résumait les ateliers menés à Clermont-Ferrand par les différentes agences françaises. Aucun de nos confrères n'y semblait présents. A ceci la question légitime qui se posait... est-ce bien raisonnable de "faire" du paysage ? De symboliser des transversalités à coup de stabilos verts et bleus, sans envisager un dialogue avec les professionnels qui se sont formés dans ces domaines ?

- Le travail du SCOT mené par l'agence d'urbanisme n'a que peu pris en compte la question du projet de paysage, et au final, a tardivement fait appel à un paysagiste sur les questions de continuités paysagères, et ceci grâce à l'aide du... PNR Livradois-Forez (un des seuls organismes semi-publics/publics du Puy-de-Dôme à intégrer cette compétence).

Plusieurs explications potentielles à cela :

- que certains de nos confrères paysagistes se soient tellement adaptés, par convenance, et se soient fondues au point de disparaître voire de finalement se contenter de "restes", ou appelés plus consensuellement : "extérieurs", les "espaces verts" ou les commodités d'une simili-nature.

- comme on le dit souvent, la "nature" est toute proche à Clermont-Ferrand, et pourtant souligné (et donc remarqué) par H.Bava vendredi soir, d'éviter de considérer cette proximité comme un alibi, en s'empêchant de parler de nature en ville, de réfléchir aux continuités, à ces questions de nouvelles structures sur les franges urbaines soumises à une forte pression foncière...etc

- l'architecture et la profession d'architecte dans le Puy de Dôme est très représentée (paraît-il ! Comme la plus grande concentration de france, en nombre par habitants, pour... Clermont-Ferrand), et à mesure de compétition, certains ont su s'adapter en travaillant en des domaines ne touchant pas forcément au bâtiment.

- En Puy de dôme, on dit souvent que l'identité du paysage repose sur des questions d'hydrologie et de volcanisme, en évitant bien de parler de l'âme rurale, à ceci près qu'il ne faut pas oublier que le projet de paysage est un projet qui doit pouvoir être porté culturellement s'il doit durer. Ainsi il faut admettre, que sur la construction de l'identité Clermontoise (ou de toutes autres villes Auvergnates), on évite bien souvent de parler de cet esprit rural, de peur qu'un amalgame entre l'esprit paysan et l'arriérée campagne ne se fasse. Renier sa filiation. Le comble étant que sur la question des grandes structures d'urbanisme végétal, cet esprit rural s'y est retrouvé en pratiquant la pratique de la taille agricole à outrance. Autrement dit, à 1 ou 2 générations près,  il ne faudrait pas oublier qu'une majorité de Clermontois de souche auvergnate sont issues de familles d'agriculteurs. Au final, il semble avoir toujours été plus moderne de "bitumer" ou de "bétonner" à Clermont... plutôt que de parler de la structure en "béton" de terre des cours de ferme...Comme pour mieux montrer que nous pouvions couper le cordon et accèder à la pleine modernité. Emancipation architecturale !

Quelques extraits de la conférence d'Henry Bava :

- "La nature parce qu'elle est toute proche, ne doit pas être un alibi "

- "La concertation ne doit pas venir après le projet, elle doit servir à lancer les premiers jalons"

- "il nous importe, nous paysagistes, d'Intégrer les conséquences, les données climatiques dans le projet. S'appuyer sur ces éléments pour anticiper."

- "dans le projet de paysage nous nous posons des questions de territoire, et ceci au delà des limites d'un espace vu ou perçu"